C’est peu dire que l’on n’attendait pas grand-chose du second film d’Alex Lutz (la « Catherine » de Canal+), d’abord parce que son premier film, passé inaperçu, était une comédie classique sans grand intérêt, puis parce que ces dernières prestations en tant que comédien n’avaient pas marqué les esprits (Les Visiteurs 3, Spirou et Fantasio). La surprise n’en est que plus grande car, qu’on se le dise, Guy n’est pas loin du chef d’œuvre.

C’est à un chanteur « has been », sorte de croisement improbable entre Claude François, Herbert Léonard et Daniel Guichard, que Lutz a décidé de donner vie en lui prêtant ses traits, dans ce « documenteur » doux-amer rempli de saillies drolatiques, de moments véritablement touchants, et parsemé de faux scopitones et autres extraits reconstitués d’émissions de variétés. L’acteur-réalisateur y donne libre court à toute son inspiration et tout son talent de fantaisiste-transformiste.

Filmé en caméra subjective par un fils illégitime qui ne lui révélera jamais son identité, Guy Jamet se laisse suivre dans sa vie d’ex-chanteur populaire, entre les galas provinciaux, une tentative de come-back pathétique et les interviews condescendantes. Mais c’est dans les entre-deux de sa vie privée, dans les apartés en face-à-face, que l’homme se livre petit à petit en tant qu’être humain.

Moins comédie que mélodrame mélancolique sur le temps qui passe et la filiation, Guy s’impose sans conteste comme l’un des meilleurs films français de l’année. On lui prédit d’ailleurs un beau destin aux prochains Césars. Nul doute que la prestation d’Alex Lutz ne laissera pas indifférente l’Académie, ni d’ailleurs le maquillage époustouflant qui lui permet de donner vie à son personnage. Ce ne serait pas étonnant qu’il suive le chemin de Guillaume Gallienne, autre acteur-réalisateur transformiste passé par Canal+, avec lequel il y a une filiation évidente.

EN BREF
Note
guy-lutzAlors que l'on n'attendait rien de ce second film signé Alex Lutz, l'intelligence et la sensibilité de ce beau documenteur nous a conquis. C'est grâce à la subtilité de son approche, au regard tendre qu'il porte sur son héros "has been" flamboyant, et à la performance incroyable de Lutz, qu'il gagne sur tous les tableaux.

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