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« Ademloos » de Daniel Lambo

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« Ademloos » de Daniel Lambo

Il est de ces films qui demandent parfois un certain recul critique. Des films que l’on n’aborde pas de la même manière que les autres, d’abord de par leur sujet, délicat ou important, puis par leur manière de l’aborder. Ademloos, le dernier film de Daniel Lambo, est de ceux-là. Le cinéaste le dit lui-même : ce film lui tient à cœur, c’est le plus personnel de sa carrière. Et pour cause, puisqu’il est personnellement impliqué dans ce que raconte le film, à savoir la lutte des victimes de l’amiante, pour faire reconnaître, encore aujourd’hui, sa nocivité et la responsabilité des grandes firmes qui ont, des années durant – et encore actuellement, dans certains pays – assuré qu’elle était sans danger.

Daniel Lambo commence son film dans sa ville natale, Kapelle-op-den-Bos, où l’usine Eternit a longtemps exploité l’amiante et l’a fait respirer à ses employés ainsi qu’aux riverains. Si des associations tentent aujourd’hui de dénoncer les exactions de l’entreprise, il existe toujours une loi du silence dans la région, puisque l’usine continue à faire travailler beaucoup de monde.

C’est avec une dignité incroyable que Daniel Lambo donne la parole aux victimes, tout en revenant consciencieusement, sans trop de didactisme, sur les dates et les faits marquants de la prise de conscience sur les dangers de l’amiante. Pour cela, il va notamment jusqu’en Inde, où Eternit continue de sévir, ce qui lui donne l’occasion de rencontrer Nirmala, victime collatérale qui est le personnage le plus bouleversant de son film. Elle semble veiller sur les hommes, distillant sa sagesse et sa belle humanité au gré du film, jusqu’à prendre la parole devant une assemblé de spécialistes, conquis par son message plein de bon sens et d’amour.

Pour toutes ces raisons, Ademloos est un film majeur, peut être pas pour sa mise en scène ni sur le plan esthétique, mais parce qu’il veut faire bouger les choses sur un plus grand échiquier. Ce type de cinéma à la fois engagé et personnel doit absolument continuer à exister et il faut se battre contre vents et marées pour l’imposer, pour qu’il soit vu en masse.

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